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Guide d'introduction à Debian GNU-Linux
Chapitre 7 Les bases


Il est maintenant temps d'explorer le système plus en détail. Vous avez vu comment se loguer et éteindre le système. Dans ce chapitre, nous allons explorer la ligne de commandes sous Linux, comment Linux gère fichiers et répertoires et quelques règles de base pour vous identifier des autres.


7.1 La ligne de commandes et les pages de man

Nous avons déjà discuté de la ligne de commandes - qui sont, rappelons-le, les commandes que vous tapez après le prompteur du shell. Cette partie décrit la structure de lignes de commandes beaucoup plus compliquées.

Une ligne de commandes minimale contient juste le nom d'une commande, comme whoami. Mais bien d'autres choses sont possibles. Par exemple, vous pouvez taper man whoami. Cette commande appelle l'aide en ligne de la commande whoami (Vous devrez vous déplacer à l'aide de la touche espace page par page et taper sur q pour sortir). Une commande plus compliquée est man -k PostScript. Cette ligne de commandes se compose de trois parties. Elle commence par le nom de commande man. Ensuite, on trouve une option ou indicateur, -k, suivi d'un argument, PostScript. Certains disent que tout sauf le nom de la commande est paramètre de la commande. Ainsi, les options et les arguments sont tous deux des paramètres.

Les options changent le comportement d'une commande, en activant une fonctionnalité particulière. Généralement, on trouve un « - » les précédant. Les utilitaires GNU ont aussi une « forme longue » pour les options; la forme longue de -k est --apropos. Vous pouvez entrer man -h ou man --help pour obtenir la liste complète des options de la commande man. Chaque commande a sa propre liste d'options, bien qu'elle partage généralement les options --help et --version. Certaines commandes, comme tar, ne demande pas de « - » devant leurs options pour des raisons historiques.

Tout ce qui n'est pas une option et qui n'est pas le nom d'une commande est un argument (et dans le cas présent, PostScript). Les arguments ont des tas de finalités ; dans la plupart des cas, ce sont les noms de fichiers dont la commande doit s'occuper. Dans ce cas, PostScript est le mot que l'on fait chercher à la commande man. Dans le cas de man whoami, l'argument est le nom de la commande dont vous recherchez des informations.

Voici un résumé de la ligne de commande man -k PostScript

Allez-y et tapez la commande man -k PostScript et vous verrez apparaître une liste de pages de manuel de votre système qui ont un rapport avec le postscript. Si vous n'avez pas installé de nombreux logiciels, il se peut que vous voyiez apparaître à la place : PostScript: nothing appropriate (PostScript: rien de trouvé).


7.2 Description de la ligne de commande

Remarque: vous pouvez sauter cette partie si vous voulez avancer rapidement.

Il existe une façon concise et traditionnelle de décrire la syntaxe d'une commande. La syntaxe veut dire la façon correcte de combiner les options variées ainsi que les arguments. Par exemple, si vous tapez man man pour obtenir la page de manuel de man, vous apercevrez un certain nombre de descriptions de syntaxe débutant par le nom de commande man. Une d'entre elle devrait ressembler à ceci:

man -k [-M path] keyword ...

Tout ce qui se trouve entre crochet ([ ]) est optionnel. Dans ce cas, il n'est pas nécessaire d'utiliser l'option -M mais si vous le faîtes, il est alors nécessaire d'utiliser un argument de type path[32]. Vous devez utiliser l'option -k et l'argument keyword (mot-clé). Les ... signifient qu'il peut y avoir encore beaucoup de choses à la suite, notamment plusieurs mots clés.

Regardons d'un peu plus près les descriptions complexes de la page de manuel de man:

     man [-c|-w|-tZT device] [-adhu7V]
     [-m system[,...]] [-L locale] [-p string]
     [-M path] [=P pager] [-r prompt] [-S list]
     [-e extension] [[section] page ...] ...

Il n'est pas nécessaire d'aller plus en avant (et ne vous inquiétez pas quant à sa signification), mais attirez votre attention sur l'organisation de la description.

Premièrement, ce rassemblement en grappe d'options veut généralement dire que vous pouvez en utiliser une ou plusieurs dans différentes combinaisons. Ainsi, -adhu7V veut tout simplement dire que vous pouvez aussi n'utiliser que -h. Bien sûr, vous pouvez utiliser toutes les combinaisons. Cette description ne rend pas forcément les choses très claires. Par exemple, -h est incompatible avec les autres options mais vous pouvez faire man -du. Malheureusement, cette description de format ne rend pas cette approche très claire.

Ensuite, le symbole | signifie « ou ». Ainsi, vous pouvez utiliser l'option -c, l'option -w ou l'option -tZT, suivi d'un argument device.

Enfin, remarquez bien que vous devez respecter les crochets car ils indiquent les unités optionnelles. Ainsi, si vous avez une section, vous devez aussi avoir une page parce que page n'est pas optionnelle à l'intérieur du groupe [[section] page].

Il n'est pas nécessaire de mémoriser tout cela. Il suffit juste de revenir à cette partie pour lire la documentation.


7.3 Fichiers et répertoires

Les fichiers sont une facilité pour stocker et organiser l'information, analogue aux documents papier. Ils sont organisés en répertoires qui sont appelés dossiers sur certains autres systèmes. Regardons d'un peu plus près l'organisation des fichiers sur un système Debian:

Choses importantes à retenir

Ne vous inquiétez si tout ceci n'est pas complètement clair pour vous: il y a de nombreux exemple à venir.


7.3.1 Utilisation des fichiers: un tutoriel

Pour utiliser votre système, vous devrez connaître comment créer, déplacer, renommer et détruire fichiers et répertoires. Cette partie a pour but de montrer comment le faire avec les commandes standard de Debian.

La meilleure méthode d'apprentissage est encore d'essayer. Tant que vous n'êtes pas root (et vous n'avez pas maintenant à créer d'importants fichiers personnels), vous ne pouvez faire de catastrophe irrémédiable. Lancez-vous - tapez chacune de ces commandes après le prompteur et appuyer ensuite sur la touche entrée:

     pwd

Le répertoire en cours est toujours considéré comme le répertoire courant de travail pour le shell que vous utilisez. Vous pouvez toujours le visualiser à l'aide de la commande pwd qui signifie Print Working Directory (affiche le répertoire de travail). pwd affiche donc le nom du répertoire dans lequel vous travaillez - et probablement /home/votrenom.

     ls

ls signifie list (affiche) comme pour list files (affiche les fichiers). Lorsque vous tapez la commande ls, le système renvoie une liste de tous les fichiers de votre répertoire courant. Si vous venez d'installer Debian, votre répertoire de travail est certainement vide et ls ne renvoie rien en sortie car il n'y a pas de fichier à afficher.

     cd /

cd signifie change directory (change de répertoire). Dans ce cas, on lui a demandé de changer pour le répertoire racine.

     pwd

Ceci pour vérifier que vous êtes bien dans le répertoire racine.

     ls

Pour jeter un coup d'oeil au contenu de /.

     cd

Taper cd sans argument sélectionne votre répertoire personnel - /home/votrenom - comme répertoire courant. Essayez pwd pour vérifier.

Avant de continuer, il vous faut savoir qu'il y a vraiment deux sortes de fichiers. Certains d'entre eux commencent par /, le répertoire racine, comme /etc/profile. Ils sont appelés noms de fichiers absolus car ils se réfèrent au même fichier quelque soit le répertoire courant. L'autre sorte de fichiers sont les fichiers relatifs.

Seuls deux répertoires ne sont utilisés qu'avec des noms de fichiers relatifs: « . » et « .. ». Le répertoire . se réfère au répertoire courant et .. au répertoire parent. Ce sont des raccourcis. Ils existent dans tous les répertoires. Même le répertoire racine à un répertoire parent - c'est son propre parent !

Ainsi, tous les fichiers comprenant . ou .. sont relatifs car leur expression dépend du répertoire courant. Si je suis dans /usr/bin et que je tape ../etc, je me réfère à /usr/etc. Si je suis dans /var et que je tape ../etc, je me réfère à /etc. Remarquez bien que le nom de fichier sans le répertoire racine possède implicitement à son commencement ./ . Ainsi, vous pouvez taper indifféremment /local/bin ou bien ./local/bin, ce qui signifie exactement la même chose.

Un dernier petit truc: le tilda ~ est équivalent à votre répertoire personnel. Ainsi, taper cd ~ revient au même que taper cd sans argument. Vous pouvez donc taper cd ~/divers/monsousrepertoire à la place de cd /home/votrenom/divers/monsousrepertoire. De façon analogue, ~myuser est l'équivalent du répertoire personnel de l'utilisateur myuser qui est probablement quelque chose comme /home/myuser; ainsi, ~myuser/docs/debian.ps est équivalent à /home/myuser/doc/debian.ps.

Il y a encore quelques commandes à essayer maintenant que vous maîtrisez les chemins relatifs. Tapez cd pour revenir dans votre répertoire personnel.

     mkdir divers

Cela fabrique dans votre répertoire personnel un répertoire nommé divers. Vous allez utiliser ce répertoire pour essayer quelques autres commandes. Vous pouvez essayer ls pour vérifier que votre nouveau répertoire existe bien.

     cd divers

Ceci change le répertoire vers divers.

     mkdir monsousrepertoire

Ceci crée un sous-répertoire de divers.

     cp /etc/profile .

cp est un raccourci pour copy (copier). /etc/profile est juste un fichier quelconque de votre système. Ne vous souciez pas de ce qu'il fait pour le moment. Nous l'avons recopié dans . (rappelez-vous que . signifie simplement « le répertoire dans lequel je me trouve maintenant » c'est-à-dire le répertoire courant de travail). Donc, ceci crée une copie de /etc/profile et la place dans votre répertoire divers. Essayez de taper ls pour vérifier qu'il y a bien un fichier appelé profile dans votre répertoire courant de travail au même niveau que le répertoire monsousrepertoire.

     more profile

Ceci vous permet de visualiser le contenu du fichier profile. more est utilisé pour visualiser le contenu des fichiers textes. Il est appelé more car il ne montre qu'une page d'écran du fichier à la fois et il faut appuyer sur la barre d'espace pour visualiser la suite. more sortira de lui-même lorsqu'il aura atteint la fin du fichier ou lorsque vous aurez taper sur q (quit pour quitter).

     more /etc/profile

va s'assurer que la copie est bien conforme à l'original.

     mv profile monsousrepertoire

mv signifie move (déplacer). Vous avez déplacé le fichier profile du répertoire courant dans le sous-répertoire monsousrepertoire que vous avez créé précédemment.

     ls

vérifie qu'il n'existe plus de fichier profile dans le répertoire courant.

     ls monsousrepertoire

s'assure que profile a bien été déplacé dans le répertoire monsousrepertoire.

     cd monsousrepertoire

Ceci change de répertoire vers le répertoire monsousrepertoire.

     mv profile myprofile

Remarquez bien que contrairement à de nombreux autres systèmes, il n'y a pas de différence entre renommer un fichier et le déplacer. Ainsi, on ne trouve pas de commande rename (renomme). Signalons aussi que le second argument peut aussi bien être un répertoire pour déplacer le fichier dedans qu'un nom de fichier pour le renommage. cp fonctionne de la même façon.

Comme d'habitude, vous pouvez taper ls pour regarder le résultat.

     mv myprofile ..

De la même façon que . signifie « le répertoire où je suis maintenant », .. signifie « le parent du répertoire courant ». Et dans le cas présent, le répertoire divers créé précédemment. Utilisez ls pour vérifier où se trouve myprofile maintenant.

     cd ..

Change de répertoire vers le répertoire parent, c'est-à-dire ici divers où vous venez de déplacer myprofile.

     rm myprofile

rm signifie remove (effacer) donc cela efface le fichier myprofile. Faîtes très attention ! Détruire un fichier sur un système GNU-Linux est définitif car il n'y a pas de fonction inverse. Si vous effacez un fichier, c'est fini à jamais... Prenez bien vos précautions.... On répète: détruire un fichier sur un système GNU-Linux est définitif car il n'y a pas de fonction inverse. Si vous effacez un fichier, c'est fini à jamais... Prenez bien vos précautions[34]....

     rmdir monsousrepertoire

rmdir est la même chose que rm mais pour les répertoires. Remarquez que rmdir ne fonctionne qu'avec des répertoires vides. Si le répertoire contient des fichiers, vous devez les détruire en premier ou bien utiliser rm -r à la place de rmdir.

     cd ..

Ceci vous permet de sortir du répertoire courant et de vous déplacer dans le répertoire parent. Maintenant vous pouvez taper la séquence suivante:

     rmdir divers

Ceci détruira les derniers restes de notre essai.

Nous savons maintenant comment créer, copier, déplacer, renommer et détruire fichiers et répertoires. Nous avons aussi appris quelques raccourcis comme taper simplement cd pour revenir dans son répertoire personnel et comment . et .. désignent respectivement le répertoire courant et le répertoire parent. Vous devez aussi retenir les concepts de répertoire racine, ou /, et de l'alias ~ pour votre répertoire personnel.


7.3.2 Fichiers cachés et ls -a

Lorsque vous tapez ls les fichiers commençant par un . ne sont pas affichés. Traditionnellement, ces fichiers contiennent des informations de configurations, de préférences et toutes sortes de choses du même acabit. Ils vous sont cachés dans votre travail quotidien. Des exemples simples de fichiers cachés sont ~/.emacs, ~/.newsrc, ~/.bashrc, ~/.xsession et ~/.fvwmrc. Ils sont respectivement utilisés par Emacs, le lecteur de niouses, le shell Bash, le système X-Window et le gestionnaire de fenêtres fvwm. Il est conventionnel d'ajouter un rc final aux fichiers cachés mais certains programmes ne le font pas. Il y a aussi des répertoires cachés, comme ~/.gimp ou ~/.netscape qui rassemblent les préférences pour The Gimp et Netscape.

Parfois, un fichier créera automatiquement un fichier caché ; par exemple, Netscape vous permets d'éditer dans une fenêtre graphique vos préférences et de sauvegarder vos choix. D'autres fois, vous devrez les créer vous-même à l'aide d'un éditeur de texte. C'est la façon traditionnelle de faire mais vous avez à apprendre le format particulier de chaque fichier, ce qui est un inconvénient au début mais vous donne par la suite beaucoup de puissance.


7.4 Processus

Nous avons déjà souligné le fait que GNU-Linux est un système multi-tâches. Il peut traiter plusieurs choses simultanément. Chacune de ces tâches est appelé processus (process en anglais). La meilleure façon de comprendre ce qui précède est de taper top après le prompteur du shell. Vous obtiendrez une liste des processus triés suivant le temps que votre ordinateur met à les traiter. Leur ordre change continuellement devant vos yeux. En haut de l'écran, vous devez apercevoir quelques informations sur le système: combien il y a d'utilisateurs connectés, combien il y a de processus, combien de mémoire vous avez et combien vous en utilisez réellement.

Dans la colonne à l'extrème gauche, vous apercevrez les utilisateurs propriétaires de chaque processus. À l'extrème droite, vous trouverez la liste des commandes évoquées. Vous avez certainement remarqué que top lui-même, lancé par vous, est presqu'en haut de la liste (car à chaque fois que top vérifie l'usage du microprocesseur (CPU), il l'active lui-même et utilise le CPU pour faire la vérification).

Remarquez que toutes les commandes se terminant pas « d » - comme kflushd ou inetd - sont des daemons.

Les daemons[35] signifient à l'origine Disk And Extensions MOnitor (surveillance des disques et des extensions). Un daemon est un processus non interactif ce qui veut dire qu'il est lancé par le système et que l'utilisateur n'a pas à s'en occuper. Les daemons servent à fournir des services comme la connexion Internet, l'impression ou le courrier électronique.

Maintenant, appuyez sur u et entrez votre nom d'utilisateur. La commande u sert à afficher les seules processus appartenant à un utilisateur; cela permet d'ignorer tous les daemons et tous les processus appartenant à d'autres utilisateurs. Vous devez voir bash, le nom de votre shell. Vous aurez toujours le nom de votre shell.

La colonne numéro deux vous renvoie le PID pour Process IDentication (identificateur de processus). On assigne à chaque signal un unique PID. Vous pouvez utiliser les PID pour contrôler individuellement les processus (on approfondira le sujet ultérieurement). Un truc utile est la commande ? qui vous renvoie une liste des commandes disponibles sous top.

Il se peut que vous vous posiez la question de la différence entre un processus et un programme. En pratique, on utilise indifféremment l'un pour l'autre. Techniquement parlant, un programme est le jeu d'instruction écrit par un programmeur et gardé sur le disque. Le processus est l'instanciation en mémoire de ce programme sous Linux. Mais il n'est pas primordial de faire une réelle différence.

Beaucoup de vos interventions avec un ordinateur vont consister à contrôler les processus. Vous allez devoir les faire partir, les arrêter et les observer. Votre outil privilégié pour cela est le shell.


7.5 Le shell

Le shell, ou interpréteur de commandes, vous permet d'interagir avec votre ordinateur. Il est appelé shell (coquillage) car il vous fournit un environnement de travail, comme une sorte de petite maison électronique pour vos travaux informatiques (pensez à l'abri de l'ermite).

La fonction la plus simple du shell est de lancer les autres programmes. Vous tapez le nom du programme que vous voulez lancer, avec à la suite les arguments que vous voulez et le shell demandera au système de lancer le programme pour vous.

Bien sûr, les systèmes graphiques avec fenêtres fournissent le même type de services. Techniquement, Windows 95 fournit un shell graphique et le système X Window fournit un autre type de shell graphique. Mais le terme shell est communément employé en sous-entendant shell pour lignes de commandes.

Cela va sans le dire mais les hackers travaillant sur un shell ne se contentent pas de lancer simplement des commandes. Votre shell regorge d'astuces cachées et de fonctionnalités puissantes si vous désirez vous en servir.

Il y a de très nombreux shells différents disponibles. La plupart d'entre eux sont basés soit sur le Bourne Shell soit sur le C shell, deux des plus vieux shells. Le nom originel du Bourne Shell est sh et celui du C shell, csh. Les différentes variantes du Bourne Shell sont le Bourne Again Shell du projet GNU (bash, le shell par défaut de Debian), le Korn Shell (ksh) et le Z shell (zsh). Il y a aussi ash, une implémentation traditionnelle du Bourne shell. La plus connue des variantes du C shell est tcsh (le t est un tribu payé aux systèmes d'exploitation TENEX and TOPS-20 qui ont inspiré quelques parties de tcsh en sus de csh).

bash est certainement le meilleur choix pour un nouvel utilisateur. C'est le shell par défaut et il comprend des tas de fonctionnalités que vous allez apprécier. Mais chaque shell possède ses avantages. Si vous voulez expérimenter, installez les différents paquets de shell et changez votre shell avec la commande chsh. Tapez simplement chsh, fournissez votre mot de passe et lorsque demandé, choisissez votre nouveau shell. Lorsque vous vous reloguerez de nouveau, vous utiliserez le nouveau shell.


7.6 Gérer les processus avec bash

Debian est un système multi-tâches donc vous avez besoin d'un moyen de faire plus d'une chose à la fois. Les environnements graphiques, comme X, fournissent un élément naturel pour le faire: ils autorisent plusieurs fenêtres simultanément. Naturellement, bash, et tous les autres shells, fournissent des facilités similaires.

Récemment, vous avez utilisé top pour jeter un coup d'oeil sur tous les processus de votre système. Votre shell vous propose des façons aisées de suivre les commandes que vous avez lancées à partir de ce shell. Chaque ligne de commande lance un job (aussi appelé un groupe de processus) qui sera suivi par le shell. Un job peut être simplement un processus ou bien un ensemble de processus tubés (plus sur les tubes un peu plus tard).

Entrer une ligne de commande lance un job. Essayez de taper man cp et la page de manuel de cp va apparaître à l'écran. Le shell va tourner en arrière-plan et revenir en avant-plan une fois la lecture de la page terminée (ou vous pouvez taper sur q pour éviter d'avoir à dérouler toute la page pour sortir).

Mais admettons que vous désiriez faire quelque chose d'autre pendant la lecture du manuel. Pas de problème. Appuyez sur Ctrl-z pour suspendre la lecture du manuel (mis en arrière-plan du job courant) et ainsi remettre en avant-plan le shell. Lorsque vous suspendez un job, bash vous donne immédiatement quelques informations à son sujet et ensuite il renvoie un prompteur. Vous devriez apercevoir quelque chose comme cela à l'écran:

     NAME  cp  - copy files SYNOPSIS cp [options] source
     --More--
     [1]+ Stopped man cp
     $

Observez bien les deux dernières lignes. Les deux dernières comportent l'information sur le job et vous avez le prompteur du shell.

bash assigne à chaque ligne de commande un numéro de job donné par le shell. Cela vous permet de vous référer facilement à un processus. Dans ce cas, man cp porte le numéro 1, indiqué par [1]. Le signe + veut dire que c'est le dernier job à avoir été mis en arrière-plan. bash vous renvoie aussi l'état courant du job - Stopped - ainsi que la ligne de commande.

Il y a de nombreuses choses à faire avec les jobs. Avec man cp toujours suspendu, essayez la commande suivante:

     man ls

Cela crée un nouveau job.

     Ctrl-z

Cela le suspend; vous devriez voir les informations du job.

     man mv

Lance un nouveau job.

     Ctrl-z

Le suspend aussi.

     jobs

Demande au bash d'afficher l'état de tous les jobs en cours. Le résultats devraient ressembler à :

     {$} jobs
     [1] Stopped man cp
     [2]- Stopped man ls
     [3]+ Stopped man mv
     {$}

Remarquez bien que les - et + qualifient respectivement l'avant-dernier et le dernier job en arrière-plan.

     fg

Cela place le dernier job en arrière-plan (man mv, celui avec le +) de nouveau en avant-plan. Si vous pressez la barre d'espace, la page de manuel va se dérouler.

     Ctrl-z

Suspend à nouveau man mv.

     fg %1

Vous pouvez vous référer à n'importe quel job en utilisant % suivi de son numéro. Si vous utilisez fg sans lui spécifier de job, c'est le dernier actif qui sera réveillé.

     Ctrl-z

Suspend à nouveau man cp.

     kill %1

Détruit le job numéro 1. bash fait un rapport d'information du job qui devrait ressembler à:

     $ kill %1
     [1] - Terminated man cp
     $

bash se contente de demander au job de se terminer et parfois ce dernier ne veut pas. Dans ce cas, vous devez ajouter l'option -KILL[36] pour arrêter la demande de destruction et commencer la destruction. Par exemple:

     $ kill -KILL %1
     [1]- Killed man mv
     $

L'option -KILL force une destruction inconditionnelle du job.

En des termes plus techniques, kill se contente d'envoyer un signal. Par défaut, il envoie un signal de terminaison (TERM ou signal 15) mais vous pouvez très bien spécifier un signal et l'option -KILL (signal 9) est le signal qui force la terminaison. La commande kill n'est pas forcément appropriée pour l'envoi de signaux ; par exemple, envoyer le signal TSTP (terminal stop) suspend le processus et permet de le récupérer plus tard.

     top

Cela nous renvoie à l'écran la sortie de top. Envoyez la commande u dans top pour ne visualiser que vos processus. Regardez dans la colonne de droite les commandes man ls et man mv. man cp n'est plus là puisque vous l'avez tuée. top vous montre les processus vous appartenant ; remarquez bien que le PID à gauche de l'écran ne correspond pas au numéro de job.

Il se peut que vous ne voyez pas vos processus car trop bas pour apparaître à l'écran. Si vous utilisez X (voir chapitre 11), vous pouvez redimensionner votre xterm pour résoudre le problème.

Même ces simples jobs sont en réalité des processus multiples, incluant le processus man et le visualiseur more qui vous permet de faire défiler les pages une par une. Vous devez apercevoir les processus more dans top.

Vous vous demandez peut-être comment nettoyer les deux jobs restant. Vous pouvez soit les tuer (avec la commande kill) ou bien les remettre en avant-plan (avec fg) puis les quitter. Rappelez-vous que la commande jobs vous renvoie la liste des jobs en cours et leur état.

Une touche finale: la documentation de bash est plutôt bonne mais il vaut mieux aller la chercher dans le système d'aide info que dans les pages de manuel. Pour la lire, tapez info bash. Voir la partie 16.2 pour les instructions pour se servir de la commande info. bash contient aussi une très bonne documentation en ligne accessible via la commande help. help renvoie une liste de sujets disponibles. On peut accéder directement à l'information en tapant help sujet en question. Essayez help cd par exemple. Cela vous fournira des détails sur les arguments -L et -P reconnus par cd.


7.7 Quelques fonctionnalités de bash

Cette partie mentionne rapidement quelques fonctionnalités couramment utilisées sous bash. Pour une discussion plus complète, reportez-vous au chapitre 8.


7.7.1 Le complètement par tabulation

Le shell bash est capable de deviner quel fichier ou commande vous êtes en train de taper et les compléter automatiquement pour vous. Il suffit simplement de taper le début de la commande ou du fichier et d'appuyer sur la touche de tabulation. Si bash trouve un complètement unique, il finira le mot et ajoutera un espace à la fin. S'il trouve de multiples complètements[37], il propose l'ensemble de ses choix possibles en émettant un signal sonore. Vous pouvez alors entrer le nombre de lettres suffisantes pour le rendre unique et appuyez sur la touche de tabulation à nouveau. S'il n'existe pas de complètement, bash émet simplement un signal sonore.


7.8 Protéger votre identité

Les systèmes de type Unix sont multi-utilisateurs et vous avez donc votre propre identité comme utilisateur sur le système. Tapez finger votrenomdutilisateur pour voir les informations qui sont publiquement disponibles. Pour changer le nom et le shell affichés ici, vous pouvez utiliser la commande chfn et chsh. Seul root peut vous changer votre login et votre répertoire d'attache. Vous devez avoir vu No plan. Un plan est une simple information que vous voulez rendre publique. Pour créer un plan, vous placer toute l'information que vous voulez montrer aux autres dans un fichier appelé .plan. Pour le faire, vous devrez vous servir d'un éditeur de texte (voir chapitre 10.2). Ensuite, utilisez à nouveau finger pour observer le résultat. Les autres peuvent utiliser finger sur vous pour voir votre plan ou vérifier si vous avez reçu ou lu votre courrier électronique.

Remarquez bien que l'information de finger est disponible à travers tout l'Internet par défaut. Si vous ne le voulez pas, lisez la documentation de inetd et le fichier /etc/services. Éventuellement, la page de manuel peut décrire la mise en oeuvre mais il n'est pas évident que cela puisse réellement vous aider.


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Guide d'introduction à Debian GNU-Linux
Traduction du document du 2 octobre 2000
John Goerzen et Ossama Othman
Traduction française de Patrice Karatchentzeff p.karatchentzeff@free.fr