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Guide d'introduction à Debian GNU-Linux
Chapitre 6 Se loguer


Votre système est maintenant installé ! Vous pouvez vous congratuler du bon travail effectué ! Il est temps maintenant de lancer le système pour l'utiliser. Dans ce chapitre, nous allons vous faire découvrir les lignes de commande Debian, quelques principes de sécurité et comment sortir du système. Dans les chapitres suivants, nous détaillerons plus ces sujets et nous vous ferons découvrir l'interface graphique de Debian, X11.


6.1 Les premiers pas

Après avoir quitter dselect, le login suivi du prompteur se présentent à vous. Vous pouvez maintenant vous loguer[27] en utilisant le login et le mot de passe que vous avez choisi. Votre système est maintenant prêt à être utilisé. Examinons ce que veut dire se loguer et comment cette procédure fonctionne.

Pour utiliser Debian, vous devez vous identifier personnellement au système. Cela lui permettra de savoir qui vous êtes, quels sont vos droits et quelles sont vos préférences.

Pour en arriver là, vous avez un nom d'utilisateur ou un login[28]. Si vous avez installé Debian vous-même, il vous a été demandé de fournir un tel nom durant l'installation. Si vous vous connectez à un système administré par quelqu'un d'autre, vous aurez à lui demander de vous fournir un compte sur le système ainsi que son nom.

Vous avez aussi un mot de passe et ainsi personne ne peut prétendre s'identifier à votre place. Si vous n'avez pas de mot de passe, tout le monde peut se connecter à votre place sur votre ordinateur depuis Internet et faire des tas de mauvaises choses. Si vous vous préoccupez un tant soit peu de sécurité, vous devez avoir un mot de passe.

De nombreuses personnes préfèrent croire que les autres ne feront rien de méchant sur leur compte. Il est raisonnable de croire que votre environnement de travail n'encourage pas la paranoïa. C'est une attitude parfaitement raisonnable. Cela dépend de vos priorités personnelles et de votre environnement. Il est certain qu'un système familial n'a pas les mêmes besoins en sécurité qu'une installation militaire. Debian vous permet aussi bien d'être sécurisé qu'insécurisé. Cela reste à votre convenance.

Lorsque vous démarrez Debian, vous apercevez un prompteur (prompt): c'est l'ordinateur qui se met en attente d'informations. Dans ce cas, le prompteur est login:.

Vous devez taper votre nom d'utilisateur et, lorsque l'on vous le demande, votre mot de passe. Le mot de passe n'apparaît pas à l'écran lors de sa frappe. Appuyez sur la touche Entrée après avoir entré le nom d'utilisateur et après le mot de passe. Si vous trompez lors de la frappe de votre nom d'utilisateur ou lors de celle du mot de passe, vous aurez à recommencer.

Si vous effectuez l'opération correctement, vous verrez un message rapide et ensuite un $ suivi d'un prompteur. Le $ est écrit par un programme spécial appelé le shell[29]. Il est appelé le prompteur du shell. C'est l'endroit où vous envoyez les commandes au système.

Essayez d'entrer la commande whoami maintenant. Il y a un curseur à la droite du prompteur du shell. Votre curseur est un petit tiret ou rectangle qui indique où l'on va taper. Il doit se déplacer au cours de la frappe. Finissez toujours une commande shell par la touche Entrée.

whoami[30] vous renvoie votre nom d'utilisateur. Vous obtenez ensuite un nouveau prompteur de shell.

Dans le reste du livre, lorsque nous parlons d'entrer une commande, vous aurez à la taper après le prompteur du shell puis la valider avec la touche Entrée.

Lorsque vous avez fini de travailler, il se peut que vous désiriez quitter votre système. Pour sortir du shell, entrez la commande exit. Gardez bien à l'esprit que si vous restez logué, quelqu'un peut venir et utiliser votre compte. Par chance, vous pouvez faire confiance en vos collègues de travail ou aux personnes de chez vous; mais si vous ne pouvez accorder votre confiance dans votre entourage, vous devrez être certain de vous être délogué avant votre départ.


6.2 Historique des commandes et édition de la ligne de commande

Tout ce que vous tapez après le prompteur du shell et avant de valider par Entrée est appelé une ligne de commande. C'est une ligne de texte qui demande à l'ordinateur de faire quelque chose. Le shell par défaut de Debian offre de nombreuses fonctionnalités pour rendre plus aisée l'entrée de la ligne de commande.

Vous pouvez revenir aux commandes précédentes pour les lancer à nouveau ou vous pouvez les modifier avec facilité et ensuite les relancer. Essayez ceci: entrez n'importe quelle commande, comme whoami. Ensuite, appuyez sur la flèche de direction verticale vers le haut. La commande whoami va réapparaître après le prompteur. Vous pouvez alors appuyer sur Entrée pour lancer une seconde fois la commande whoami.

Si vous avez entré de nombreuses commandes, vous pouvez appuyer sur la flèche plusieurs fois pour naviguer au travers des différentes commandes. Cette fonctionnalité est très pratique si vous répétez la même chose plusieurs fois de suite, ou si vous tapez mal une commande et que vous la rappeliez pour la corriger. Vous pouvez aussi utiliser la flèche verticale vers le bas pour circuler dans l'autre sens, vers les commandes les plus récentes. Lorsqu'il n'y a plus de commande à afficher, l'ordinateur envoie alors un signal sonore.

Vous pouvez aussi vous déplacer sur la ligne de commande pour effectuer des transformations. La façon la plus simple est d'utiliser les flèches de déplacements horizontaux gauche et droite. Essayez de taper whoami à la place de whoami. Utilisez alors la flèche de déplacement horizontal vers la gauche pour revenir en arrière vers le s. Vous pouvez effacer le s à l'aide de la touche backspace[31] ou Suppr.

Il y a bien d'autres fonctionnalités avancées mais il n'est pas nécessaire de les mémoriser maintenant. Essayez Ctrl-a pour vous retrouver directement au début de la ligne de commande. Ctrl-k (le k est pour kill, tuer en anglais) détruira tous les caractères situés à droite jusqu'à la fin de la ligne; essayez-la à partir du milieu d'une ligne de commande. Ctrl-y renvoie la dernière chose que vous avez détruite en l'insérant à la position courante du curseur (y est pour yank en anglais). Ctrl-e déplace le curseur jusqu'à la fin de la ligne de commande.

Allez de l'avant et jouez avec l'édition de la ligne de commandes pour commencer à la maîtriser. Expérimentez.


6.3 Travailler en tant que Root

Puisque Debian est un système multi-utilisateurs, il est nécessaire d'en désigner un de particulier ou un programme pour être capable de tout faire sur le système. Le noyau n'autorise pas l'utilisateur normal à changer des fichiers importants du système. Cela signifie que les choses restent dans l'état où elles sont, à l'abris des accidents, des virus et même des tours de magie. À la différence de certains autres systèmes d'exploitation, Debian est à l'abris de ce genre de tracas. Il n'est pas nécessaire d'utiliser un programme d'anti-virus.

Parfois, il est quand même nécessaire de changer des fichiers importants. Par exemple, vous pouvez avoir envie d'installer un nouveau logiciel ou bien de configurer votre connexion réseau. Pour le faire, il vous faut des pouvoirs plus étendus que ceux d'un utilisateur normal. Vous devez devenir l'utilisateur root (parfois appelé aussi le super-utilisateur).

Pour devenir root, il vous suffit de vous loguer avec le nom d'utilisateur root et le mot de passe de root. Ceci a été fait durant l'installation: voir la section 5.15 pour plus de détails.

Dans de nombreux sites, seul l'administrateur système possède le mot de passe de root et seul l'administrateur système peut faire les tâches dévolues à root. Si vous utilisez votre propre ordinateur personnel, vous êtes l'administrateur système, bien-sûr. Si vous n'avez pas les privilèges du super-utilisateur, il vous sera nécessaire de passer la main à votre administrateur système pour les tâches qui requièrent les privilèges de root.

Parfois, vous aurez accès au mot de passe de root, souvent dans des organisations ou sur des serveurs d'écoles, car l'administrateur système vous fait confiance dans sa juste utilisation. Dans ce cas, il vous sera possible d'aider l'administrateur et de personnaliser le système pour vos besoins. Mais vous devrez toujours agir de façon responsable, en respectant tout le temps les autres utilisateurs.

Si vous possédez le mot de passe de root, essayez de vous loguer en tant que root maintenant. Entrer la commande whoami pour vérifier votre identité. Et ensuite, déloguez-vous immédiatement. Lorsque vous êtes root, le noyau ne vous protège pas de vous-même car root a les permissions de tout faire sur tout le système. N'expérimentez pas en tant que root. En fait, ne faîtes rien sous root qui ne soit absolument nécessaire. Ce n'est pas tant un problème de sécurité qu'un problème de stabilité. Votre système s'en portera d'autant mieux qu'il est protégé de vos erreurs.

Il se peut que vous trouviez la commande su plus pratique pour se loguer en tant que root. su vous permet de prendre l'identité d'un autre utilisateur, généralement root à moins qu'elle ne soit suivie du nom de quelqu'un d'autre (Vous pouvez essayer de vous en souvenir en disant que su signifie Super User bien que certains disent que c'est pour Set UserID (positionne l'ID de l'utilisateur)).

Voici quelque chose à essayer. Loguez-vous en tant que simple utilisateur, c'est-à-dire, en n'étant pas root. Après, votre session devrait ressembler à quelque chose comme cela:

     $ whoami                  Vérifie votre nom d'utilisateur
     username                  Renvoie votre nom d'utilisateur
     $ su                      Demande au système les droits super-utilisateurs
     Password:                 Taper votre mot de passe root ici
     machine:~# whoami
     root                      Vous êtes maintenant root
     machine:~# exit           Sort de votre shell root
     $ exit                    Sort de votre shell "normal"

Lorsque vous faîtes des tâches d'administration système, vous devriez les faire autant que possible en tant que simple utilisateur. Ensuite, utilisez su pour la partie qui requiert les privilèges de root. Pour le faire, taper su useruser est l'utilisateur que vous voulez devenir. Vous devrez connaître le mot de passe de l'utilisateur en question, bien-sûr, à moins que vous ne soyez root à ce moment là ou bien que l'utilisateur n'ait pas de mot de passe.


6.4 Consoles virtuelles

Le noyau Linux supporte les consoles virtuelles. Ceci permet de faire de votre simple écran et clavier un système de type terminaux multiples connectés au même système. Heureusement, l'utilisation des consoles virtuelles est triviale sous Debian: il y a des touches dédiées pour aller d'une console à l'autre rapidement. Pour l'essayer, loguez dans votre système puis pressez sur Alt-F2 (appuyez simultanément sur la touche Alt et sur F2 qui est la touche de fonction numéro deux).

Vous devriez vous retrouver avec une demande de login. Ne paniquez pas. Vous êtes maintenant sur la console virtuelle (VC pour virtual console en anglais) numéro deux ! Loguez-vous et faîtes quelque chose - quelques commandes whoami ou n'importe quoi d'autre - pour vous assurez qu'il s'agit bien d'un nouveau shell. Maintenant vous pouvez retourner à la console numéro un en pressant Alt-F1. Ou bien vous pouvez aussi aller sur la console numéro trois avec Alt-F3.

Debian est fourni avec six consoles actives par défaut, qui sont accessibles avec la combinaison de la touche Alt et des touches de fonctions F1 jusqu'à F6. (Techniquement, il y a plus de six consoles actives mais seules six sont accessibles pour vous loguer. Les autres sont réservées pour le système X Window ou d'autres tâches.)

Si vous utilisez le système X Window, il se lance généralement sur la première console virtuelle non utilisable - probablement la sept. Dès-lors, pour passer de la console virtuelle sous X à une des six autres consoles, vous devez ajouter la touche Ctrl à la séquence de touches. Ainsi, il faut faire Ctrl-Alt-F1 pour aller à la console virtuelle numéro un. Mais vous pouvez aller d'une console texte vers une console X en n'utilisant que la touche Alt. Si vous ne quitter jamais X, vous n'avez pas à vous inquiéter à ce sujet, X passera automatiquement sur sa console virtuelle au démarrage.

Une fois que vous les aurez maîtrisées, les consoles virtuelles deviendront certainement un outil indispensable pour faire plusieurs choses en même temps (Le système X Window offre la même fonctionnalité, au détail près qu'il s'agit de fenêtres multiples plutôt que de consoles). Vous pouvez lancer différents programmes dans chaque console virtuelle ou vous loguer en root dans une et en vous-même dans une autre. Ou bien chacun dans la famille n'utilise que sa console virtuelle. Ceci est particulièrement pratique si vous utilisez X car dans ce cas, vous pouvez lancer plusieurs sessions X en même temps dans différentes consoles.


6.5 Arrêter le système

N'éteignez pas simplement l'ordinateur ! Vous risquez de perdre des données de valeurs !

Si vous êtes le seul utilisateur de la machine, vous pouvez avoir envie de l'éteindre une fois votre travail terminé.

Pour éviter de fatiguer certains composants, il est recommandé de n'éteindre sa machine qu'une fois par jour, lorsque tout le travail est terminé. L'allumage et l'arrêt des ordinateurs sont les deux causes principales d'usure et de fatigue des composants internes de l'ordinateur. Allumer et fermer votre ordinateur une fois par jour est certainement le meilleur compromis entre votre facture d'électricité et la durée de vie de votre machine.

C'est une mauvaise chose que d'éteindre l'ordinateur en appuyant simplement sur le bouton d'alimentation du courant lorsque vous avez fini de travailler. C'est aussi une mauvaise idée que de rebooter la machine (avec le bouton Reset) sans avoir pris auparavant quelques précautions. Le noyau Linux, pour augmenter ses performances, utilise un cache disque. Cela signifie qu'il garde temporairement en mémoire certaines informations stockées sur le disque. Puisque la mémoire est des milliers de fois plus rapide qu'un disque dur, certaines opérations sur les fichiers sont ainsi beaucoup plus rapides. Périodiquement, ces informations en mémoire sont retranscrites sur le disque. Cette opération est appelée syncing. En vue d'éteindre ou de rebooter votre machine, il est nécessaire de lui dire de tout nettoyer en mémoire et de le placer sur l'unité de stockage permanent.

Pour rebooter, tapez simplement reboot ou appuyez sur Alt-Ctrl-Suppr.

Pour éteindre l'ordinateur il vous faut vous loguer en tant que root. Vous n'avez alors qu'à taper la commande shutdown -h now. Le système va alors dérouler la procédure d'extinction, y compris la commande sync qui nettoie le cache disque comme décrit précédemment. Lorsque vous apercevez System halted, il est possible d'éteindre sans danger l'ordinateur. Si vous avez un BIOS qui supporte l'APM (Advanced Power Management) et un noyau aussi, l'ordinateur peut se couper tout seul et ainsi vous épargner des problèmes. APM est très commun pour les ordinateurs portables et on le trouve aussi parfois dans certaines cartes mères d'ordinateurs de bureau.


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Traduction du document du 2 octobre 2000
John Goerzen et Ossama Othman
Traduction française de Patrice Karatchentzeff p.karatchentzeff@free.fr